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Un vélo électrique qui roule
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9 mai 2020

Scott Genius eRIDE Tuned

Le grand TEST

De retour en Valais pour le WE, j’étais assez excité à l’idée de tester le Scott Genius e-ride tuned dans un environnement alpin plus exigeant que les forêts boueuses proches de mon domicile lausannois. Les premiers contact avec la bête avaient été prometteurs, le bike se révélant fabuleusement motorisé et très équilibré. J’avais noté un train avant très accrocheur, un train arrière bien progressif et confortable en suspension … et une propension à générer de belles glisses progressives de la roue arrière sur les single mi larges et pas trop pendus des bois du Jorat.
Deux jours plus tard, après l’orage, dans la boue, je me suis aussi fait embarquer en luge au freinage, Les deux roues bloquées dans un petit raidard bien vicieux, je suis allé me vautrer sur une souche amoureuse de ma cuisse. Résultat : à nouveau 4 jours sans vélo… alors que je sors de 15 jours de blessure au coude.

Bon, cette introduction pour dire que ce matin j’avais une furieuse envie de rouler. 6:30, un petit café et un petit déjeuner face à la Pierre Avoi en regardant les écureuils. Il fait beau, la batterie est chargée à 100%, j’enfile les genouillères et coudières Race Face et un plastron léger, le natel avec la fonction envoi de ma position est enclenché au cas où… et c’est parti pour 2:30 sur mes single préférés entre 1600 et 700 m d’altitude.

Les conditions du terrain

La neige est encore présente à partir de 1700m et les sentiers sont encore très souvent entravés par les arbres tombés au cours de l’hiver. Les laves torrentielles de l’automne dernier ont aussi massacré quelques belles sections.

Constat qui fera plaisir à Bosch!

La montée est vite envoyée, quelle patate il a ce moteur ! Je me cale sur le mode e-mtb, qui jongle avec les niveaux d’assistance en fonction des conditions. Parfait !

Et GO!

1ère descente, sur un single pas trop raide en forêt. Le bike confirme qu’il est bien suspendu. Je cruise sans vraiment attaquer vu mes rendez-vous un peu trop fréquents avec le sol ces dernières semaines. Le bike est facile et donne envie d’accélérer un peu. Je me fais secouer un peu par les racines très saillantes à certains endroits, normal voire plus confortable que mes autres bike. En appuyant un peu les freinages, je dois contenir des glissades prononcées de l’arrière, déjà remarquées à Lausanne. Vu le poids d’un e-bike et l’étroitesse des sentiers, cela me refroidit un peu et j’évite de faire des appels trop prononcés car la roue arrière continue de glisser après avoir relâché la poignée de frein. Spectaculaire … mais pas très efficace face au chrono et pas du tout à mon goût ! Le coupable est le pneu arrière, au profil très rond, sans crampons saillants sur les côtés. Je fais avec et continue d’augmenter le rythme dans des virages atypiques, une suite d’épingles bien ouvertes et très rapides en pente faible, parsemées de racine et de mousse. C’est un secteur incroyable, très délicat avec les enduros modernes avec leurs angles de direction à 65 degrés et moins. Sans poids sur l’avant vu l’absence de pente, la roue avant y est volage … et ça ne rate pas, je perds l’avant à plusieurs reprises avec le genius ! Mais que se passe-t-il ? L’avant me paraissait rivé au sol à Lausanne, même dans les racines… D’autre part, je peine à amener mes épaules en avant dans les épingles … car je manque un peu de place pour bouger sur le bike quand je tourne le guidon. Étonnant vu que cette taille XL est vraiment grande. En fait, l’ensemble potence guidon monobloc qui m’avait séduit au premier abord me limite sérieusement ici. Plat et incurvé fortement vers l’arrière (ce qu’on appelle le back sweep), avec une potence réduite à sa plus petite longueur, le guidon génère des appuis très bas mais surtout trop en arrière. La roue avant est tout simplement dépourvue d’appui en virage, quand le guidon est tourné fortement.J’amplifie alors mon transfert sur l’avant en virage pour plaquer la roue au sol, je stabilise l’arrière en ne provoquant pas trop les glissades et le rythme augmente enfin. Le châssis est vraiment agréable et très bien suspendu. Je mets le levier Ramp du Fox Nude sur la position – et le confort augmente encore. Mais je ne peux tenir cette position forcée sur l’avant longtemps, car le guidon est trop bas et mes bras trop faibles vu mes récents exploits au sol et le poids de la bête.
De toute façon, je suis arrivé en bas. 500 m de remontée raide pour arriver au sommet d’une petite merveille d’épingles raides et serrées dans un versant bien sauvage. Pas de problème, dans un silence agréable et avec une poussée franche qui me donne envie d’en rajouter, je pousse le Twin Lock vers l’avant et je gravis rapidement l’abominable côte en oubliant complètement la batterie.

Oups, déjà plus de 950 m de dénivelée !

Il me reste 40 % de batterie, parfait La descente se révèle un peu plus difficile, car la pente est raide. Les freins XT 4 pistons irréprochables jusqu’ici mordent moins forts et je dois empoigner les leviers à deux doigts pour contrôler ma vitesse. Je me bats avec le bike et le guidon trop plat et trop bas me gêne encore plus ici. J’arrive en bas pas très content de mon pilotage mais je me suis senti sur la défensive alors que j’adore cette descente. Un coup d’œil aux freins et je constate que les disques en acier ont noirci. Le modèle alu-acier que j’utilise habituellement refroidit vraiment mieux, d’autant que les plaquettes sont étonnamment dépourvues des ailettes du modèle XT habituel.
Voilà un petit défaut très facile à corriger : et oui, comme pour une voiture ou une moto de compétition, le freinage est très important pour rouler vite en VTT enduro !
Et voilà je suis en bas, il me reste 38 % de batterie et 650 m à monter pour rentrer à Ovronnaz et retrouver ma petite famille attablée sur la terrasse pour le petit déjeuner. Je laisse le mode e-mtb enclenché et je monte sur l’asphalte, grimpant de manière très régulière 80 m de dénivelée tous les 5% de batterie. Impressionnant de régularité et de fiabilité, c’est resté parfaitement constant tout au long de la sortie. A 25%, je passe en mode Tour pour pouvoir rajouter une petite boucle. Arrivé en haut à une vitesse hallucinante, le mode Tour étant encore très puissant, je refais une dernière petite descente car il me reste 8% de batterie…et j’ai confiance. Quelle fiabilité ! En effet, en vue du chalet, le moteur coupe : 32 km et 1675 m de D+ pour mes 90 kg tout équipé, c’est fabuleux. En gérant, il doit être possible d’approcher 2’000 m de D+.

Optimiser le bike encore?

Éprouvé mais pas trop, je réfléchis déjà aux quelques modifications qui vont me permettre de transformer le caractère du bike pour en faire une machine de course pour les EWS-e.
Dès lundi je passe chez Tandem monter les disques alu-acier et des plaquettes à ailettes.
J’en profiterai pour changer le magnifique ensemble potence-cintre Synchros par un ensemble Renthal plus conforme à mon style de pilotage. Je changerai également les pneus pour des Maxxis Assegai en gomme tendre, généreusement cramponnés sur les côtés. Une fois que ce sera fait, je pourrai commencer à attaquer vraiment avec le bike et prendre mes marques avec. A ce moment, il sera sans doute temps de commencer les recherches plus fines au niveau des suspensions, en particulier la fourche, l’arrière étant sans reproche jusqu’ici.